Ultracore – Anselm Reyle
Exposition au magasin CNAC, 155 cours berriat, Grenoble, du 17/02 au 05/05/2013 Où est le titre ?!?
Tape à l’œil. Très bonne entame C’est le premier adjectif qui vient en tête lorsque l’on pénètre dans l’univers d’Anselm Reyle, artiste berlinois qui pose ses valises en France pour la première fois avec une exposition au Magasin. Mais passé la première impression et les aprioris a priori (ce sont deux mots latins, sans accent, qui restent invariables) qu’amènent (le sujet est le mot « art ») forcément un art si voyant, avec ses couleurs fluorescentes et ses installations étranges, on s’aperçoit que le jeune artiste a un message à faire passer.
Depuis ses débuts en 1999, Anselme Reyle détourne des objets du quotidien, qu’il va chiner ou débusquer dans les décharges ou les usines. Puis il les transforme, les peints, les recouvre, les sculpte. Sans chercher à cacher ni le procédé de création, dont la simplicité est parfois déconcertante, ni l’objet d’origine il tente de les sublimer, les intégrant dans un univers qui bouscule et revisite les codes du kitsch et du décoratif.
Dans la première salle sont présentées des installations conçues à partir de tubes de néons colorés récupérés chez un fabricant. Suspendues dans l’espace, ces œuvres jouent sur l’association de couleurs, formes et lettres. Certains éléments, volontairement isolés ou détonants, accrochent l’œil du spectateur et provoquent un effet dissonant. TB c’est argumentéDommage cependant que la salle n’aie pas été plongée dans le noir complet, car les fils et chaines inesthétiques qui soutiennent ces sculptures modernes encombrent le regard.
La seconde (deuxième ; seconde, c’est deuxième et dernier) salle présente trois types d’œuvres. D’abord des sculptures créées à partir de blocs d’argile que l’artiste et ses assistants ont récupérés à leur sortie d’usine puis sculptés de façon grossière, coulés dans le bronze et peints de couleurs chromées. Ici, c’est le système de production d’œuvres que l’artiste interroge, car on fait aisément le parallèle avec le travail à la chaine, dépourvu de réflexion et consistant à produire beaucoup en peu de temps. L’artiste montre ici que l’art pourrait aussi obéir à cette règle.
Les secondes constructions ont été produites en collaboration avec le fabricant de porcelaine Meissen. Des chutes de porcelaines ont été récupérées, cuites telles qu’elles (non : quelles), puis présentées sous vitre comme des œuvres muséales. La dernière œuvre, elle, est un tableau intitulé Mystic Silver qui rassemble des déchets de toutes sortes, dispersés aléatoirement (pas sûr que ça existe : de façon aléatoire…) puis recouverts de peinture pour matériaux qui leur donne un effet métallique et irisé. Anselme Reyle prouve qu’il est possible de donner de la valeur à de simples résidus.

Dans la troisième salle, simpliste mais frappante, on trouve trois objets issus du monde agricole et habillés de peintures chromés et laques fluo afin de les sortir de leur usage et leur image habituelle. Encore une belle prouesse, qui montre que l’art peut venir de partout, et être partout, pour peu que l’on voit un peu plus loin que l’usage quotidien des objets.

Dans la dernière salle sont regroupés (éviter les formes passives, les auxiliaires… ) les tableaux La dernière salle regroupe les tableaux…. On retrouve les peintures par numéros, objet kitsch par excellence représentant des chiens ou des détournés de leur usage premier par l’utilisation de motifs et matières différentes ou encore par la sélection d’une petite partie de l’ensemble afin de créer un tableau abstrait et de lui donner une seconde vie. Il y a aussi les intrigantes foil painting (en italiques), qui sont de en l’aluminium froissé puis peint ou mis sous des plexiglas de diverses couleurs. Il en résulte un volume impressionnant qui ne cache en rien son origine.
En définitive, le jeune allemand fait son entrée en France en grande pompe, avec une exposition accessible et moderne ou chacun revisite son quotidien
Alice Grenon